mercredi 16 juin 2010

LES HEROS DE L'ANARCHIE : NESTOR MAKHNO

BILL TEREBENTHINE PRESENTE :

les héros de l’anarchie

1 - Nestor Makhno

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L'anarchisme, c'est la vie libre et l'œuvre créatrice de l'homme. C'est la destruction de tout ce qui est dirigé contre ces aspirations naturelles et saines de l'homme.

L'anarchisme, ce n'est pas un enseignement exclusivement théorique, à partir de programmes élaborés artificiellement dans le but de régir la vie ; c'est un enseignement tiré de la vie à travers toutes ses saines manifestations, passant outre à toutes les normes artificielles.

La physionomie sociale et politique de l'anarchisme, c'est une société libre, antiautoritaire, celle qui instaure la liberté, l'égalité et la solidarité entre tous ses membres.

Le Droit, dans l'anarchisme, c'est la responsabilité de l'individu, celle qui entraîne une garantie véritable de la liberté et de la justice sociale, pour tous et pour chacun, partout et de tous temps. C'est là que naît le communisme.

L'anarchisme naît naturellement chez l'homme ; le communisme, lui, en est le développement logique.

Ces affirmations demandent à être appuyées théoriquement à l'aide de l'analyse scientifique et de données concrètes, afin de devenir des postulats fondamentaux de l'anarchisme. Cependant, les grands théoriciens libertaires, tels que Godwin, Proudhon, Bakounine, Johann Most, Kropotkine, Malatesta, Sébastien Faure et de nombreux autres n'ont pas voulu, du moins je le suppose, enfermer la doctrine dans des cadres rigides et définitifs. Bien au contraire, on peut dire que le dogme scientifique de l'anarchisme, c'est l'aspiration à démontrer qu'il est inhérent à la nature humaine de ne jamais se contenter de ses conquêtes. La seule chose qui ne change pas dans l'anarchisme scientifique, c'est la tendance naturelle à rejeter toutes les chaînes et toute entreprise d'exploitation de l'homme par l'homme. En lieu et place des chaînes et de l'esclavage instaurés actuellement dans la société humaine – ce que, d'ailleurs, le socialisme n'a pu et ne peut supprimer –, l'anarchisme sème la liberté et le droit inaliénable de l'homme à en user.

En tant qu'anarchiste révolutionnaire, j'ai participé à la vie du peuple ukrainien durant la révolution. Ce peuple a ressenti instinctivement à travers son activité l'exigence vitale des idées libertaires et en a également subi le poids tragique. J'ai connu, sans fléchir, les mêmes rigueurs dramatiques de cette lutte collective, mais, bien souvent, je me suis retrouvé impuissant à comprendre puis à formuler les exigences du moment. En général, je me suis rapidement repris et j'ai clairement saisi que le but vers lequel, moi et mes camarades, nous appelions à lutter était directement assimilé par la masse qui combattait pour la liberté et l'indépendance de l'individu et de l'humanité entière.

L'expérience de la lutte pratique a renforcé ma conviction que l'anarchisme éduque d'une manière vivante l'homme. C'est un enseignement tout aussi révolutionnaire que la vie, il est tout aussi varié et puissant dans ses manifestations que la vie créatrice de l'homme et, en fait, il s'y identifie intimement.

En tant qu'anarchiste révolutionnaire, et tant que j'aurai un lien au moins aussi ténu qu'un cheveu avec cette qualification, je t'appellerai, toi frère humilié, à la lutte pour la réalisation de l'idéal anarchiste. En effet, ce n'est que par cette lutte pour la liberté, l'égalité et la solidarité que tu comprendras l'anarchisme.

Nestor Makhno

Illustration : Bill Térébenthine

Abécédaire de l’anarchisme révolutionnaire (extrait). - Probouzdénié, n°18, janvier 1932, pp.57-63, et n°19-20, février-mars 1932, pp.16-20. (L’intégralité du texte sur http://www.nestormakhno.info/french/malutte/lutte16.htm)

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