mardi 30 novembre 2010

CANTONA QUE L'ARGENT...

La Révolution ! Qui n’en a pas rêvé ? Et la Révolution non sanglante de surcroît ? De celle où les fusils tireraient des roses et les blessés saigneraient du miel… L’idéalisme a beau jeu lorsque l’on a des heures à perdre dans la vie et surtout qu’on a derrière soi de quoi amortir les coups durs. On se prendrait vite pour Lénine ou Mao à ne plus savoir quoi faire pour se rendre visible. Octobre venu, Eric Cantona s’est rêvé tel, devant le Palais d’Hiver, exhortant le peuple à tout foutre en l’air puis investissant le coffre-fort de l’Etat. Il s’est ressaisi et a préféré mener la subversion de là où on peut vraiment toucher le monde entier sans risquer le moindre plomb dans les fesses : Internet. Pendant une vidéo de deux minutes seize, il se joue de la sphère économique, passe, contrôle de la poitrine, shoote, enfin dégage loin, très loin de toute intelligence.

Eric Cantona, je vous ai vu, affalé de biais, parlant comme un Parrain en pull-over rouge, proférant des vérités que vous jugez accessibles au plus grand nombre (et qui le sont, oh oui, elles le sont…), de la part ce celui que vous êtes devenu : L’Homme qui Sait. La Révolution, c’est simple, affirmez-vous. Il suffit de « retirer l’Argent des Banques » et ainsi « faire crouler le Système », et les majuscules volètent autour de votre barbe messianique, et elles obnubilent les candides à coups de y’a ka, y’a ka stridents.

J’ai entendu sortir de votre « bouche de la vérité », roulant sur les pierrailles d’un accent forcément sympathique tant il est chaud, qui sent bon la lavande et évoque la cigale insouciante – j’ai entendu, dis-je, la connerie la plus monumentale que ce siècle attendait pour se donner le frisson d’un Guévarisme soft et light, marquant l’avènement du terrorisme de la petite épargne. Pas de fusil, pas de mort, « à la Spaggiari » prononcez-vous avec un sourire entendu, et le message passe, et fait son bonhomme de chemin, comme un espoir, parmi cette audience pour qui le synonyme de « changement » se limitait, avant votre parole dorée, au mot magique de « lotto ».

Eric Cantona, les termes relayés par le buzz que vous provoquez actuellement constituent en réalité la plus infamante marque de mépris et de cynisme qui ait été portée depuis longtemps envers les démunis, les précaires, les endettés de tous rangs. Même votre Président[1] n’était jamais allé aussi loin, et pourtant il sait y faire… Comment n’avez-vous pas la décence de retirer ces mots à l’emporte-pièce qui sont en train de convaincre quelques milliers de vos aficionados et qui risquent de provoquer de graves dommages collatéraux si vos consignes sont en effet appliquées ? Comment pouvez-vous continuer à assumer de telles âneries ? Peut-être parce que vous êtes bel et bien un âne et que, contrairement au footballeur, l’âne est un animal qui ne se refait pas.

Une date est fixée : le 7 décembre. Par qui ? Pas par vous en tout cas, car il n’y a rien de tel dans la séquence. Alors à qui laissez-vous le loisir de construire cet événement de toute pièce ? Ce jour-là, qu’est-il censé se produire d’autre qu’une foirade pas risible du tout, sauf pour vous qui, installé devant votre télé, jouerez à saute-zapping d’un canal à l’autre pour savoir combien d’entubés vous totalisez à votre braquage par clients interposés ? Qu’espérez-vous réellement de ce « coup d’état bancaire » ? Et le lendemain de la veille, après que tout un chacun sera rentré chez soi et aura planqué son magot sous son matelas ou au sommet de la garde-robe, que fera-t-on ? Vous sentez-vous l’âme à monter sur un tonneau retourné pour haranguer Billancourt et exhorter à… mais à quoi, bon sang ? Qu’avez-vous à DIRE, Eric Cantona, en dehors de paroles qui appellent au carton d’exclusion ?

Imaginons un cas de figure concret – allez, Eric, faites un effort, cela ne fait pas perdre plus de neurones que de donner une tête dans la baballe : les naïfs nantis d’un compte-épargne suffisamment garni décident de suivre votre judicieuse suggestion, retirent leur fond d’une banque, et celle-ci vient en effet à s’effondrer ; que demande-t-on aux incalculables autres clients en solde négatif (eh oui, cela existe en dehors de la faune qui évolue sur un terrain de foot) ? Bien sûr, de renflouer leurs dettes fiça, car eux sont débiteurs, ils doivent payer ce qu’on leur a avancé. Et les voilà dans la vraie misère, celle que vous n’avez plus côtoyée depuis si longtemps, sinon pour poser avantageusement devant une caméra ou dans une gazette. Peuvent-ils aller sonner chez vous en cas de besoin, ces bernés ? Peu de chances de vous joindre : on trouve si difficilement votre adresse sur le Net.

Faut-il aussi être idiot pour ne pas penser aux aspects concrets de la chose et à leur potentielle dérive… Il est bien clair que, le 7 décembre, pas question que j’aille à la banque. Non pour désobéir à la « journée du retrait », mais juste pour ne pas me transformer en cible ambulante. Imaginez en effet que, ce jour-là, chaque client sortant de l’établissement est possiblement en possession de plusieurs centaines, voire milliers d’euros dans sa poche ! C’est de l’incitation au crime, tout simplement, et je soupçonne que c’est à cause de cette peur légitime que capotera votre bel idéal. La prochaine fois, visionnaire, proposez plutôt qu’on n’engage plus que des femmes comme matons dans les prisons pour hommes et que l’uniforme de rigueur soit la minijupe et le décolleté. Une autre occase de bien rigoler !

En tout cas, depuis cette traînée de poudre qui a été semée sur vos pas, vous passez pour un Robin des bois qui aurait eu un trait de génie. C’est oublier – mais l’époque est rompue à l’exercice de relire les mythes et de les assaisonner à sa sauce – que le noble Robin demandait à ce que les richesses soient REDISTRIBUEES. Vous, ce qui vous intéresse, c’est de tout flanquer par terre et de contempler, du haut du balcon de votre luxueuse résidence, les ruines fumantes de l’incendie dont vous aurez allumé la toute petite mèche. En somme, votre démarche n’est pas plus élaborée que celle d’une bande de gamins qui pètent les vitres d’un arrêt de bus en pensant contester la société ; pendant quelques jours les usagers subiront les courants d’air, puis on remplacera la vitre, et tout recommencera comme avant. La Société n’aura même pas toussé, mais les enrhumés resteront sur le carreau.

Je gage que d’ici l’échéance de l’ultimatum, les esprits se seront refroidis et que vous n’aurez au fond permis qu’une seule chose : c’est, aux banques affolées par la perspective d’une catastrophe, d’aller puiser dans l’arsenal juridique quelque texte interdisant telle manœuvre, une loi martiale prohibant tel prélèvement dans tel cas et pas tel autre, etc. En fin de compte, ce genre d’idée contribue davantage à bétonner le système que vous prétendiez ébrécher. Et qui sait si, ironie suprême, l’on ne vous verra pas, quand l’amnésie des spectateurs aura fait son effet, dans un spot publicitaire pour l’une des institutions renflouées que vous aurez malmenée le temps d’un réveillon ? Gainsbourg vantait bien certain rasoir…

J’ai voulu écrire « Nous vivons une époque écœurante. », mais je me suis repris pour écrire : « Cette époque m’écœure. », c’est plus juste ainsi, me semble-t-il, vu le nombre d’imbéciles qui arrivent à mâcher et à déglutir avec le sourire le brouet qu’on leur sert. Ne pensez-vous pas par exemple que le vrai scandale, ce soit que des gens comme vous – soit des bipèdes relativement habiles de leurs guiboles – soient payés des sommes faramineuses pour taper dans une balle de cuir ou de plastique, être rachetés à prix d’or par des clubs et exciter les foules jusqu’au délire collectif ? Puis que, une fois leur carrière terminée, toutes les portes des arts majeurs ou mineurs (cinéma, chanson, peinture, photo, théâtre…) leur soient miraculeusement ouvertes, afin qu’ils continuent à (se) divertir et au passage à s’engraisser ? Tout cet argent que vous avez généré et que vous avez en partie brassé, avec vos goals, vos pubs, vos rôles premiers, seconds ou tiers, à quoi est-il passé ? Répondez à cette question sou pour sou, Eric Cantona, et là, vous ferez vraiment œuvre de révolutionnaire auprès de vos semblables. Pas en encourageant des travailleurs, des employés, des salariés qui ont quelques centaines ou milliers d’euros de côté, à aller jouer les bravaches en faisant la nique à leurs maîtres avec ce qui est leur seul bas de laine. Pas non plus, surtout, en suscitant l’angoisse de ceux qui ont la peur au ventre à la fin de chaque mois parce qu’ils sont systématiquement dans le rouge.

Les syndicats sont impuissants, ils ont besoin d’idées, Eric Cantona ? Que n’en fondez-vous un ! C’est du boulot évidemment, c’est moins facile que de prélever une goutte d’eau dans la mer de sa fortune pour opportunément la déposer sur la langue craquelée d’un SDF, à l’époque où ils reviennent à la mode. Mieux encore, si vous voulez touchez le système au cœur, allez donc prêcher auprès de vos pairs, les riches surpayés à juste « être » un nom, une icône, un symbole, et persuadez-les de rendre gorge.

Cette époque m’écœure, je l’ai dit ; elle m’inquiète au plus haut point aussi. Bien que, vous le collectionneur de tableaux, le multi-récompensé par des prix internationaux, vous sembliez très mal placé pour assener des leçons d’économie à qui que ce soit, eh bien il se lit que vous auriez fait des milliers d’émules, prêts à suivre votre « Appel » comme on le surnomme déjà, référence néo-post-gaulliste oblige à tout ce qui ressemble de près ou de loin à un acte de « résistance ». Vous devez – et vous pouvez – jubiler d’avoir damé le pion à ceux qui ont pour rôle premier dans la société de la contester, à savoir les intellectuels, cette caste désormais complètement coupée du réel parce que pleinement acquise au virtuel, oscillant entre les trois « M » de mondanité, médiocrité et médiatisation. C’est un coup de maître que vous avez réalisé, je vous l’accorde, et un beau camouflet. Maintenant, il est temps de remballer vos billes et de ramener les esprits au calme. Parce qu’une France qui, après avoir élu un dirigeant qui lui façonne le visage inhumain qu’on sait, se mettrait, en vous écoutant, à suivre en docile troupeau de Panurge les injonctions d’un tireur de penalties – cette France-là aurait définitivement atteint le degré zéro.

Un degré zéro avec lequel elle flirte déjà, puisqu’il ne s’est encore trouvé personne pour s’indigner de votre référence à ce fameux « Spaggiari ». À croire que tout le monde est persuadé, dans l’Hexagone, qu’il doit s’agir de quelque grande âme chevaleresque, un Mesrine aux mains propres, un modèle. « Spaggiari », c’est un nom qui prête à sourire tant il semble porter le déterminisme du banditisme généreux. Un patronyme méditerranéen, c’est déjà un morceau de soleil. Et si Cantona y fait référence, alors cela doit vraiment être un type bien, un sanguin mais un gars en or. Il est mort ?, ah, savais pas, désolé… Je conseillerais à tous ceux qui ont été emballés par votre apparition sur Youtube d’ensuite passer sur Wikipédia et d’aller prendre connaissance de la notice à propos de celui à qui vous associez l’action de braquer les banques en douceur, safely comme on dit en vocabulaire durable. Tout ce qui ne concerne pas ses méthodes d’égoutier, ses évasions spectaculaires et que je n’évoquerai pas ici (non, non, même pas l’épisode Pinochet), restera sans doute en travers de la gorge de tous les petits gauchistes acculturés que votre proposition aura émoustillés. Elle leur prouvera que vous n’êtes pas le nouveau Keynes du Pauvre ; juste un hâbleur qui s’est fait filmer en train de lâcher un propos digne d’une brève de comptoir et que tout le monde admire, au vu de son glorieux passé.

Moi qui ne m’intéresse pas au sport, qui ne connaît rien à vos performances ni à celles de vos congénères, j’ai pu voir, immun, ces images à leur niveau : elles montrent un homme qui est passé de l’autre côté pour, d’excellent joueur, s’ériger en arbitre borné. Il est temps de faire amende honorable, Eric Cantona, sinon il va se trouver de plus en plus de gens pour crier ce qu’on crie d’habitude à ce genre de personnage quand on estime qu’il a mal jugé. Et votre « révolution » alors évoluerait comme celles qui l’ont précédée : elle se retournerait contre son initiateur.

Frédéric SAENEN

Illustration piochée ici : http://www.parismatch.com/Actu-Match/Medias/Actu/Revue-de-presse-anglaise-La-revolution-selon-Cantona-226610/


[1] L’auteur de ces lignes est Belge, Note de Non de non.

dimanche 28 novembre 2010

LA CHARTE DE L’HOMME MOYEN

L’homme moyen ne connaît pas la vérité, mais il a sa vérité, dont il témoigne sans chercher à convaincre, parce que nul ne le convaincra de ne pas la vivre.

L’homme moyen tente de ne pas faire à autrui ce qu’il ne voudrait pas qu’autrui lui fasse, et s’efforce, ce qui est encore plus difficile, de faire à autrui ce qu’il voudrait qu’autrui lui fasse.

L’homme moyen respecte ce qui mérite de l’être, et n’adore par conséquent rien ni personne. Il n’attend de son côté que le respect qu’il mérite.

L’homme moyen ne cherche pas à réussir, mais à s’améliorer.

L’homme moyen a donc pour seule ambition de faire de son mieux ce qu’il a décidé de faire.

C’est pourquoi l’homme moyen s’intéresse davantage à la coopération qu’à la compétition.

L’homme moyen vit en société, mais laisse le moins possible la société vivre en lui.

L’homme moyen n’a rien contre l’argent, mais refuse de le payer plus cher qu’il ne vaut.

L’homme moyen cherche à réaliser ses rêves, mais se refuse à rêver la réalité. C’est pourquoi il ne pense pas que tous les moyens soient bons pour arriver à ses fins.

Même s’il lui arrive par chance d’avoir du génie, l’homme moyen se sait et se veut moyen, parce que telle est la condition humaine.

L’homme moyen ne cherche donc pas à péter plus haut que son cul, ni plus bas ; en toute occasion l’homme moyen veut juste être lui-même.

L’homme moyen aime la fidélité, mais se sait capable d’infidélité, et n’ignore pas qu’il en va de même de ses congénères.

Pour l’homme moyen, sincérité et honnêteté sont des idéaux qu’il s’efforce d’autant plus d’atteindre qu’il sait pertinemment qu’il n’y parviendra pas toujours.

L’homme moyen cherche l’infini dans le fini. Il accepte le mysticisme, mais rejette tout fanatisme.

L’homme moyen croit à l’imagination créatrice, mais aussi à l’esprit critique, et pratique aussi bien l’une que l’autre.

Parce qu’il a le sens de la mesure, l’homme moyen a presque toujours raison, ce qui lui permet de reconnaître sans hésiter ses erreurs.

L’homme moyen connaît ses faiblesses et tente de négocier avec elles, non pour les réduire, mais pour s’en faire des alliées.

L’homme moyen tient compte d’autrui, mais n’oublie jamais qu’il n’est responsable que de lui-même, et ne peut être utile à lui-même et aux autres qu’en respectant sa nécessité intérieure.

C’est pourquoi, en dernier ressort, pour tout ce qui le concerne, l’homme moyen ne rend de comptes qu’à lui-même.

La charte de l’homme moyen n’est pas gravée dans le marbre ; elle peut et doit être améliorée par l’expérience et la réflexion, y compris avec le concours d’autres hommes moyens.

Alain Sagault

Illustration « Théoricien » d’Alain Sagault

samedi 27 novembre 2010

PRESSE PUREE : NOVEMBRE 2010

PRESSE… PURÉE !

Demandez la dernière édition !

- - -

« Sarkozy accusé de "piétiner la démocratie". »

Avec des talonnettes, en plus...

*

« Top 14 de rugby : la valse de leaders continue. »

Ce doit être joli, des rugbymen qui valsent !

*

« Dans le Puy-de-Dôme, une bijouterie cambriolée avec... un tracteur. »

Un agriculteur malin qui voulait se faire du blé...

*

« Une mairie sommée par la justice de décrocher son portrait de Pétain. »

Sarkozy était jaloux ?

*

« Le nombre de centenaires pourrait exploser. »

C'est sans doute ce qu'on appelle un Papy « Boum » !

*

« De la cocaïne au milieu des bananes. »

Pas sûr pour autant que les trafiquants acceptent d'être payés en monnaie de singe...

*

« Le bisphénol A peut-être impliqué dans un déficit de spermatozoïdes. »

Mince alors, c'est vraiment la crise : toutes les bourses sont en déficit !

*

« Repérer les délinquants dès l'âge de 3 ans ? »

Ils ne sont pas dur à repérer : ils font des tags avec leurs crottes de nez sur les murs de la crèche !

*

« Premières naissances en France à partir d'ovocytes congelés. »

Le professeur est Picard...

*

« 500 000 € d'argenterie volés au domicile de Bernard Tapie. »

Bin dis donc ! C'est pas à moi que ça arriverait !

*

« Barack Obama danse avec des enfants. »

Le nouveau Michaël Jackson ?

*

« Le voile à la crèche aux Prud'hommes. »

Quiconque a déjà changé une couche bien tartinée sait que, parfois pourtant, on n’aurait rien contre l'idée d'être voilé pour le faire !

*

« Très fortes vagues : prudence sur le littoral atlantique. »

Mais que fait Sarkozy ? Il n'a pas été élu pour laisser les plages se faire ainsi prendre en otage par des vagues !

*

« Il fauche mortellement une vieille dame et prend la fuite » et, juste en dessous : « L'UMP rajeunit ses cadres »

Lien de cause à effet ?

*

« Les éleveurs en colère bloquent neuf abattoirs. »

Pour une fois, ce sont les CRS qui criaient « mort aux vaches ! »

*

« Paris est une ville snob la nuit. »

Et qui se la pète le jour...

*

« Les Alcooliques anonymes célèbrent leurs 50 ans en France. »

Ca s'arrose !

*

« Le pape met en garde contre le "sentiment de solitude" des internautes. »

Il l'a annoncé sur sa page facebook ?...

Stéphane Beau

jeudi 25 novembre 2010

REMARQUES EN PASSANT : J

REMARQUES EN PASSANT

ABECEDAIRE

Par Alain Sagault

°-°

JARDIN

Tout jardin est un microcosme.

Et le fidèle miroir de son créateur…

Mais bien plus encore le modeste reflet du macrocosme.

L’infini, c’est dans mon jardin que je m’approche le plus près de lui.

JUNGLE (loi de la)

Il suffit d’avoir jardiné deux ou trois saisons pour savoir que la prétendue loi de la jungle n’existe que dans la cervelle tordue des êtres humains les plus névrosés.

mercredi 24 novembre 2010

BONNE IDEE QUE D'ETRE GENTIL SANS ETRE TROP LACHE

bonne idée que d'être gentil sans être trop lâche

bonne idée que d'être employé sans trop se soumettre à la fonction

bonne idée que de ne pas trop se laisser défigurer par la mesquinerie

bonne idée que de ne pas être trop poli avec la hiérarchie

et d'avoir pris du Ramsay Midwood pour la bagnole

et de surfer sur une longue vague de feux verts

et de profiter de l'absolution du soleil couchant

à fond mais lentement

.

et en plus il y a le rire de ma petite soeur partout

et en plus il y a une place de parking qui échappe au racket de la municipalité

et en plus c'est déjà l'heure de l'apero dans ma vie de branleur

et en plus c'est déjà l'heure des heures magiques

et en plus dans le célèbre square derrière la célèbre place

je croise la célèbre Gaëlle

et en plus elle m'offre une fleur passque c'est moi

et en plus elle m'offre une fleur sous le regard torve de tous ses amis imposables

et en plus je couve quelque chose qui fait rêver mais pas dormir

et en plus je couve quelque chose qui résout des trucs graves avec des trucs légers

bonne idée que d'être gentil sans être trop lâche

Heptanes Fraxion

lundi 22 novembre 2010

L’AVENIR EST NOTRE POUBELLE

A travers ses chapitres plein d’humour et de sensibilité, ce livre analyse lucidement la réalité concrète dans laquelle nous vivons. Il nous amène à ouvrir les yeux et à considérer enfin comme aberrantes des situations que nous avons fini par trouver normales tellement on nous a répété qu’elles l’étaient.

Ainsi le capitalisme, pour réussir, doit sans cesse être en expansion. La preuve, c’est que dès que la croissance stagne un peu ou dès qu’elle diminue, les problèmes surgissent aussitôt (chômage, baisse du niveau de vie, etc.) Les spécialistes, tant en économie qu’en politique, n’ont alors qu’un seul mot à la bouche : il faut que la croissance reprenne. Mais JL Coudray nous dit que cette croissance n’est pas exponentielle à l’infini et qu’il viendra forcément un jour elle sera entravée dans son élan, ne serait-ce qu’à cause des limites de la surface terrestre.

Toute notre société occidentale (en passe de devenir le modèle mondial) est basée sur le productivisme. Il faut toujours produire plus et vendre plus. Mais cette conception mercantile (qui est directement issue de l’esprit boutiquier) pervertit notre rapport subjectif au monde. Nous ne voyons plus avec notre sensibilité mais avec les yeux des marchands qui proposent leur camelote comme le seul bonheur possible sur cette terre. Par exemple, si je regarde un site industriel, je ne peux que le trouver laid. Pourtant, je suis tellement conditionné par le fait que la technologie est nécessaire, que je finirai par ne voir dans ce site que son efficacité technique et que j’accepterai sa laideur.

Dans son livre, JL Coudray aborde toute une série de thèmes dans de brefs chapitres qui nous font réfléchir. Il parle de la banlieue, par exemple, ce lieu vide et sans âme qui n’est ni la ville ni la campagne et où tous les petits pavillons ne sont que des maquettes, des jouets, qui miment la vraie maison que le propriétaire (fort endetté par ailleurs) ne possédera jamais. Ou bien les objets en série (tout le monde veut et finit par posséder la même cafetière ou le même réfrigérateur) qui donnent l’illusion d’abolir les inégalités sociales. Car nous nous réjouissons de voir que même les milieux défavorisés ont enfin amélioré leur niveau de vie en pouvant acheter des produits technologiques. Mais nous oublions que ces produits n’ont souvent été possibles que par la mise à sac de la nature et par l’exploitation humaine (pillage du tiers-monde, bas salaires, etc.).

Et la télévision ? Autrefois il n’y avait qu’une chaîne, gérée par l’Etat. Aujourd’hui il y en a des centaines et je choisis le programme qui me plait, autrement dit celui qui parle de moi. La multiplication de ces programmes prouve simplement que l’Etat a perdu son rôle de dirigeant et que le pouvoir s’est maintenant déplacé vers une infinité de multinationales.

Cette surabondance des programmes, on la retrouve sur Internet (où je suis saturé de pages à lire et où, finalement, je ne fais plus que « surfer » sans rien approfondir) ou encore dans les 700 livres publiés chaque automne.

Oser refuser la technologie (qui nous apporte surtout des gadgets), se serait, selon les spécialistes, prôner le retour au temps des cavernes. Du coup, tout le monde se tait et accepte ce principe de base, jamais remis en question. Il faut dire que l’individu est choyé par la société marchande, puisqu’elle le tutoie sans arrêt pour lui faire croire qu’il est important. Que ce soit le Président de la République ou le présentateur du JT, tous ont l’air de ne s’adresser qu’à moi, ce qui flatte évidemment mon ego (on n’est plus à l’époque de De Gaulle, qui apostrophait l’ensemble des citoyens avec son « Français, Françaises… »). Il en va de même de la littérature commerciale, qui semble tutoyer le lecteur. L’auteur est devenu un « copain », qui emploie le style parlé et qui n’est plus inaccessible comme l’écrivain de génie d’autrefois.

JL Coudray aborde bien d’autres thèmes encore dans son livre. La publicité, bien entendu, mais aussi le fichage génétique (qui nous fait ressembler à des bestiaux), la vitesse, le changement climatique, la destruction de la nature ou la morale du travail (ce dernier étant devenu nécessité depuis qu’Adam a quitté le paradis). Négligeant le domaine spirituel et l’art, l’homme moderne ne vit plus que pour les objets qu’il fabrique, ce qui le ramène au temps où il ne faisait que tailler des silex. Car c’est quand ils avaient eu du temps libre que les hommes de Lascaux s’étaient mis à peindre sur les parois des grottes. Aujourd’hui, notre monde est régi par la vitesse (à cause de la concurrence planétaire) ce qui n’augure rien de bon, assurément.

De plus notre planète devient surpeuplée, pas tellement en elle-même, mais à cause de la mauvaise répartition des richesses. En effet, un pays est dit surpeuplé si une partie de ses habitants n’a pas accès aux ressources. Or, avec le libéralisme, il n’y aura bientôt plus qu’une partie infime de la population qui aura accès au confort et à une alimentation décente. Les autres, les pauvres, seront donc considérés comme excédentaires. Pourtant, ce même libéralisme défend l’idée que le l’intérêt privé est indirectement au service de l’intérêt collectif. « Le marchand sert la société en vendant égoïstement ses produits.» Avec un tel principe, inutile donc de gouverner, il suffit de laisser faire le marché.

Évidemment, il y aura bien quelques exclus, mais ces exclus auront mérité leur sort, car s’ils n’ont pas réussi, c’est par paresse, lâcheté ou imbécilité. Inutile, donc, de s’intéresser à leur cas. De plus, leur venir en aide n’aurait aucun sens dans une société qui dit que la concurrence est la seule relation possible entre les hommes. « Toute relation autre que financière pervertit le marché. L’homme, dans sa dimension éthique, religieuse, culturelle et sociale, est un obstacle au libéralisme. » Dès lors, tout sentiment est une perte d’énergie. Quant au protectionnisme que les états ne peuvent plus pratiquer afin d’assurer la libre circulation des marchandises, il est maintenant pratiqué par les multinationales elles-mêmes, principales bénéficiaires de ce système.

En licenciant leur personnel pour gagner davantage, ces mêmes firmes font supporter le poids du chômage par la collectivité. Il en va d’ailleurs de même quand elles polluent, ce qui fait qu’on peut dire que les riches vivent d’aide sociale comme les pauvres.

Quelle serait la solution à tous ces disfonctionnement alors ? Et bien d’abord arrêter de croire que tout changement est synonyme d’évolution positive. Même en art, on en est arrivé à se dire qu’il faut des nouveautés sans arrêt et que les œuvres d’aujourd’hui sont forcément meilleures que celles d’hier par le fait même qu’elles innovent. Or rien n’est moins sûr. En tout cas, il est clair que le progrès technique, lui, considère que l’univers entier est à conquérir. Dès lors, venir parler de préservation de la nature semble relever d’un discours obsolète. Pourtant, le simple fait de s’arrêter et de contempler une fleur peur apporter plus de bonheur que de vivre à un rythme effréné pour gagner de l’argent et s’acheter des objets souvent inutiles. Dès lors, dans une société telle que la nôtre, ne rien faire devient véritablement une action militante.

Feuilly

Jean-Luc Coudray, « L’Avenir est notre poubelle (l’alternative de la décroissance) », Sulliver, février 2010

dimanche 21 novembre 2010

MORT AUX VACHES, VIVE L’ANARCHIE ! DÉJÀ BRASSENS AVAIT OSÉ…

Les derniers remous bandelorés de ce qu’on appelle encore fort abusivement la contestation sociale, viennent encore et encore pour la énième fois de démontrer leur désastreuse insignifiance – au sens premier de ce terme – et, partant, leur pure inefficacité.

Cela fait des décennies et des décennies que dure la mascarade au profit de ces faux antagonistes et véritables bouffons que sont le pouvoir politique et les syndicats. Pire, hélas ! Cette mascarade cherche et atteint à chaque fois son inavouable et répugnant objectif : le consensus final autour de l’aplatissement généralisé. Nous sommes sur un chant de foire où les cibles sont des pantins de chiffon alors que ceux que nous croyons viser sont derrière notre dos, tirent les ficelles du pantin et appuient in fine sur la gâchette. Il n’y a même pas une bouteille de mauvais mousseux à gagner, en plus ! Qu'un sac de misère et d'humiliations de plus à rapporter à la maison !

Pour ce qui concerne précisément la dernière représentation, tout tombe d’abord sous le sens primaire : Comment des hommes et des femmes qui sont censés avoir une cervelle peuvent-elles et peuvent-ils accepter sans violence qu’on veuille les faire travailler jusqu’à soixante-sept ans alors que la haute finance fait ses choux gras et que, quand elle dérape, prise au piège de ses propres boulimies virtuelles comme en 2008, les pouvoirs politiques volent à son secours et bouchent les trous à coups de milliards d’euros, leurs milliards, en fait ? Comment des êtres du 21ème siècle peuvent-ils accepter que ce qui était possible il y a maintenant 18 ans – 1982, fin du travail à 60 ans – ne le soit plus désormais ? Comment peuvent-ils ne pas admettre dans leur tête, puis dans leurs poings et par une irruption inéluctable de violence et de colère, que le système qui les a pris à la gorge ne les emmène pas vers le bonheur mais les fait reculer lamentablement ? Et comment ne pensent-ils pas alors qu’un système qui recule l'homme aux frontières de l'inacceptable, doit, humainement, être livré à la potence ?

Ces questions primaires, ces questions dont les réponses tombent sous le sens du premier imbécile venu, ces questions qui pourraient et devraient se transformer en radicalisation sans concession, la Banque, l’industrie, les politiques et les syndicats, se les ont posées avant vous et moi dans le secret ouaté des réunions, et ils ont trouvé ensemble la réponse pour éviter d'être balayés : Organisons nous-mêmes la contestation. Et c’est dans poche. Les baisés comptez-vous ! Il en allait de leur survie et de leur rôle, de leur emploi au service de Bruxelles, elle-même au service de la banque mondiale.

L’ennemi étant identifié, reste à trouver les moyens de l’abattre. En tout cas commencer par ne plus consentir à tirer sur les leurres. Et pour cela il va falloir regarder beaucoup plus loin que le charnier natal.

Bertrand

samedi 20 novembre 2010

FRANCHEMENT, NON

Une actrice passablement stupide a décrété l’autre jour que le désir, c’était mieux que l’amour, sans doute parce qu’à force de céder au premier elle court encore après le second.

Moi, j’aime mieux l’amour, parce que désirer, dans le monde où nous vivons, cette actrice et moi, faut vraiment en avoir envie…

Ai-je vraiment envie de prendre ma voiture deux ou trois fois par mois pour aller voir des amis qui ne viennent jamais me voir en slalomant entre conducteurs anesthésiés, flics omniprésents et radars omnipotents ?

Franchement, non.

Ai-je envie de « déguster » des vins si trafiqués que je ne les digère plus ?

Franchement, non.

Ai-je vraiment envie d’aller voir des spectacles qui ne m’apprennent rien que je ne sache déjà ?

Franchement, non.

Ai-je vraiment envie de faire semblant d’être intéressé par les âneries cuculturelles des artistes à la mode, marchands du temple et vendeurs d’orviétan ?

Franchement, non.

Ai-je jamais eu envie de faire la fête, de me rouler dans la vulgarité des musiques prémâchées ?

Franchement, non.

Ai-je envie de regarder sur un écran plus ou moins plat vingt-deux connards hyper friqués courir après un ballon pendant que cent mille débiles sous-payés poussent des clameurs hystériques dans un stade bourré jusqu’à la gueule ?

Franchement, non.

Ai-je jamais eu envie d’adorer nos prouesses technologiques et de porter haut l’étendard de nos prétentions hégémoniques ?

Franchement, non.

Ai-je jamais eu envie de savourer le vacarme des tronçonneuses, des tondeuses, des bulldozers et des pelleteuses, de révérer les autoroutes et d’idolâtrer le béton ?

Franchement, non.

Ai-je encore envie de toutes les béquilles qui devaient nous aider à voler et dans lesquelles nous nous prenons si bien les pieds qu’elles nous empêchent non seulement de marcher mais encore de vivre ?

Franchement, non.

Ai-je envie d’éprouver des « sensations », de vivre des « aventures », de « m’éclater » ?

Franchement, non.

Ai-je envie de discuter gravement de mes choix, d’écouter les arguments poussifs de pantins qui croient penser alors que leur inconscient manipulé les mène par le bout du nez ?

Franchement, non.

Ai-je envie d’être « positif », de faire comme si je ne savais pas ce qui se passe et comme si l’humanité décérébrée ne courait pas à sa perte ?

Franchement, non.

Ai-je vraiment envie d’essayer de convaincre des gens qui ne veulent surtout pas voir la vérité en face parce que leur monde qui s’écroule déjà sous eux ne s’écroulerait plus à leur insu de leur plein gré ?

Franchement, non.

Ai-je vraiment envie de vivre dans un monde où les escrocs sont au pouvoir et où les mafias font la loi ?

Franchement, non.

N’ai-je donc plus envie de rien ?

Que si !

J’ai envie de ne pas avoir tout le temps envie.

J’ai envie de vivre à mon rythme.

J’ai envie de dire ce que je pense d’eux à tous les cons qui ont encore envie de tout ce dont je n’ai plus envie et qui par là même me l’imposent.

J’ai envie de regarder pousser mon jardin, d’arroser juste ce qu’il faut mes rosiers, d’observer les allées et venues des mésanges qui ont fait leur nid dans le poirier sous ma fenêtre et d’écouter pépier leurs petits.

J’ai envie de voir grandir mes petites-filles, de leur donner de vrais livres à lire, et de les aider à peindre la vie avec ses vraies couleurs, qui ne sont pas brevetées.

J’ai envie d’écouter de la vraie musique, qui vibre et qui vit comme si elle naissait d’une source ou d’une vague.

J’ai envie d’aller voir la mer, et de m’y baigner sans croiser à tout bout de vague sacs en plastique et crottes de chien.

J’ai envie de caresser la vie comme si j’allais mourir demain.

J’ai envie de retrouver l’innocence qui donne tant de goût à ces petites choses simples qu’on a réussi à nous faire mépriser.

J’ai envie de partager la joie qui parfois me prend, sans rime ni raison.

J’ai envie de vivre.

Je sais, ça se soigne. Mais je n’ai pas envie d’une assistance psychologique.

Franchement, non.

Parce que je crois que l’amour, c’est quand on n’a plus besoin de désirer.

L’amour, ce n’est pas être envie, c’est être en vie.

Alain Sagault

Texte écrit en mai 2009

Illustration « J’ai tous mes droits » d’Alain Sagault

vendredi 19 novembre 2010

LA POLITIQUE DE L’IGNORANCE

C’est déjà un livre ancien que L’Enseignement de l’ignorance. Il a été écrit par un prof de philo, Jean Claude Michéa, alors que l’Education nationale était confrontée au cas Allègre qui, toute proportion gardée, fut dans les années 2000/2001 à l’échelle d’un ministère, ce qu’est Sarkozy à l’échelle d’un pays à présent; goujat, arrogant – ça, passe encore – mais surtout un VRP du système, un larbin, un exécutant. Les deux voulant se donner l’allure de l’autoritarisme responsable alors qu’ils ne font que passer le plat. Que le meilleur pote de Jospin de l’époque se répande à présent en compliments sur les méthodes de Sarkozy en dit long d’ailleurs sur la complicité des partis dirigeants en alternance la France pour l’assujettir à la réforme de fond, ainsi que sur les affinités de leurs membres. Bref.

Le mérite du livre de Michea fut de me faire prendre conscience à quel point, en matière d’éducation nationale, le pilotage effectué par l’OCDE n’était plus une figure de style. Un exemple qui a l’époque m’avait sidéré, et qu’on peut retrouver dans les directives de 1997 de l’OCDE, concernant l’enseignement des Lettres : « Il ne faut plus trop parler du classicisme en France ni du romantisme en Allemagne. Cela exacerbe les identités nationales. Tout le monde doit étudier les Lumières, mouvement plus européen ». Les Lumières ! Les lumières : jusqu’à l’obscurantisme absolu… Ou encore : il importe que les éducations nationales intègrent l’outil informatique : nous avons des bécanes à vendre.

Bref.

En France comme ailleurs, je compris à quel point l’éducation n’avait plus rien de nationale ; c’est l’OCDE et ses relais européens qui coordonnent la doxa que l’école doit transmettre telle une bouillie aux futurs consommateurs européens ; enfin les dirigeants de l’OCDE, on le sait tous, n’en ont rien à foutre de la culture mais ne s’intéressent qu’à la protection des marchés et la gestion des « bassins » (stocks) humains.

A l’époque les professeurs grecs avaient fait presque un an de grève pour défendre contre le consumérisme scolaire les valeurs de transmission intrinsèque à leur métier – ce qu’on pourrait appeler un léger humanisme…, avec boycotts des examens, jusqu’à ce qu’évidemment, la population se retourne contre eux. A l’époque, j’avais publié un essai, L’Ecole vendue, de la démagogie gouvernementale à la soumission aux marchés… J’avais dû faire dix jours de grève pour des peanuts. Les gens de mon entourage immédiat qui m’ont jugé frileux à l’égard de la contestation de Sarkozy sont les mêmes qui, à l’époque, s’insurgeaient parce que le vilain Allègre était méchant avec eux, gens et que j’ai vu rentrer dans leurs pénates dès qu’il fut remplacé par le gentil Lang au ministère de l’éducation nationale. Lequel Lang a fait passer la même réforme en commençant par dire aux profs : « je vous aime. » Texto. Lang qui avait comme directeur de programmes Ferry. Luc Ferry qui devint ministre de Chirac. And so and so… Et on, croit que Chatel est pire ? Ou mieux ? Faire grève contre un homme politique n’a pour moi, depuis, plus aucun sens.

Ce qui est vrai de l’éducation nationale l’est des autres ministères. Il faut cesser d’illusionner les Français et les autres peuples avec l’idée d’un rapport de force efficient qui serait interne à chaque pays. A chaque fois que je dis ça, on me dit : « tu protèges Sarkozy. » Non, je sais que Sarkozy, contrairement à ce qu’affirme Villepin, n’est pas le problème. La fonction de ces politiques français n’est-elle pas plutôt d’attirer à eux les passions politiques afin de détourner la contestation des vrais centres décisionnels ? Un peu comme jadis les premiers ministres servaient de fusibles à leurs présidents, les présidents ne servent-ils pas de fusibles à présent à ces instances de la gouvernance européenne et mondiale (Bruxelles, des agences de notation, du FMI, de l’OCDE, etc….). Nous sommes dans une politique de l’ignorance, pour paraphraser Michea, quand nous faisons mine de penser que les problèmes majeurs (retraites, éducation, santé…) peuvent se régler à un niveau national.

Voilà pourquoi je pose ici cette question, comme je l’ai déjà posée ailleurs : Une grève coordonnée sur le plan européen est-elle possible pour sortir des contestations nationales stériles ? Comment organiser une contestation globalisée dans un monde dont l'économie est globalisée ?

Solko

jeudi 18 novembre 2010

REMARQUES EN PASSANT : I

REMARQUES EN PASSANT

ABECEDAIRE

Par Alain Sagault

°-°

ÎLES

Beaucoup d’îles en ce moment au cinéma (Shutter Island, The Gost Writer), îles-prisons, îles-refuges…

Me semblent être des métaphores de notre île à tous, refuge et prison perdue dans l’océan de l’infini. Mais aussi de notre isolement dans l’individualisme massifié de la mondialisation, tous repères perdus, naufragés plus ou moins volontaires, Robinsons de l’océan du fric roi.

Dans ces films, les personnages ne sont pas ce qu’ils paraissent être, on ne sait plus qui est bon, qui est méchant, les rôles s’inversent en un carnaval sinistre.

Mais Polanski n’est pas Scorcese, et son intéressant Ghost Writer demeure un peu superficiel et timoré, un thriller en demi-teintes qui agace gentiment les nerfs face à une tragédie shakespearienne dont la vertigineuse quête d’identité secoue le spectateur jusqu’au tréfonds – remettant en cause sa propre identité.

INDISPENSABLE

Il n’est pas très étonnant que nous finissions par en vouloir à ceux qui nous sont devenus indispensables, puisque nous leur avons donné le pouvoir de brider notre liberté.

INFIDÉLITÉ

Ce n’est pas parce que je suis infidèle que je ne suis pas fidèle. Bien au contraire !

INGRATITUDE

Parce qu’au fond de nous, même si nous ne nous les avouons pas, nous connaissons très bien nos défauts, nous avons bien du mal à croire qu’on puisse nous aimer, si bien que nous tendons à mépriser quiconque nous donne la preuve indiscutable qu’il nous aime en dépit de nos faiblesses.

INSOUCIANCE

L’insouciance n’est le plus souvent que le joli surnom dont nous décorons notre lamentable irresponsabilité.

INTÉGRATION

L’actuel président de la république a tout à fait raison de poser le problème de l’intégration des étrangers naturalisés français. C’est un problème qui lui tient d’autant plus à cœur qu’il a certainement conscience d’être concerné par lui au premier chef.

Nicolas Sarkozy, semble en effet devoir à ses origines exogènes des valeurs et des comportements qui entravent singulièrement sa compréhension et son respect des valeurs républicaines qui fondent la république française.

Devant son apparent refus de respecter la constitution qu’il est chargé de défendre, il n’est pas interdit de se demander s’il ne devrait pas être renvoyé dans son pays d’origine, le temps de réviser sa vision du monde afin qu’elle cadre avec le mandat qu’un peuple assez malavisé a commis l’erreur de lui confier.

INTELLIGENCE

Il est plus que temps de redéfinir l’intelligence. Toute une tradition, d’ailleurs plus récente qu’elle ne l’admettra jamais, en fait une sorte de chasse gardée des intellectuels. Domaine réservé à l’entrée duquel il convient de se déchausser, et où l’homme moyen ne devrait entrer qu’en courbant la tête et montrant patte blanche.

Au risque de passer pour un béotien, je crains de devoir soutenir qu’intelligence et intellectualisme n’ont strictement rien à voir, pas plus que ne sont synonymes savoir et création.

mercredi 17 novembre 2010

LES VERS SONT AUSSI A L'INTERIEUR

Voilà un petit texte qui aurait pu se satisfaire de l’étroitesse réservée aux commentaires, sans l’outrecuidance de son auteur qui a jugé qu’il mériterait peut-être de figurer à la Une.

Sans quoi, il aurait jeté sa gourme, comme on dit en Charentes, sous le texte de Stéphane « Un samedi après-midi »

Cher Stéphane, je te confirme tout d’abord tes statistiques.

Et tout ça, quand même, ça donne envie de dégueuler ses tripes et ses boyaux….Maculer de vomi nauséabond les chaussures de tous ces corniauds qui, dans la frénésie de leur immonde bêtise, se font des assassins.

Ça n’est pas tant Drucker qui me révulse que ses admirateurs. Lui, il est dans son rôle de misérable bouffon. Les autres sont dans leur rôle d’esclaves lobotomisés, de légionnaires abrutis enrôlés dans la tuerie des idées, et c’est ce rôle-là dont nous avons à souffrir, beaucoup plus que celui de la tête d’affiche.

Ça n’est pas tant Sarkozy que je hais que les 53 pour cent de salopards qui lui ont donné le micro !

Et, tu sais, pour en revenir à la littérature et aux livres, je ne suis pas certain que Houellebecq aurait fait moins que Drucker.

Je vois très bien le prix Goncourt, en dépit de la valeur du texte qui n'en est pas pour autant un chef-d'œuvre, loin s’en faut, faire faire la queue au centre Leclerc...

D'ailleurs, il le dit lui-même, Houellebecq : « Les gens ne s'intéressent plus à la littérature alors il faut un prix pour les faire lire… »

Un produit d'appel, quoi...Un emballage et qu’importe le flacon !

Rien que pour ça, j'aurais envie de lui fourrer sa carte et son territoire loin dans son cul, moi!

C'est comme si une pute déclarait : les gens ne baisent plus, alors, il faut que je leur montre ma chatte pour les faire bander un peu.

La littérature, si elle se meurt, elle se meurt sur un autel où les gens que tu as vu piétiner brandissent le couteau tandis que d’autres, plus sordides encore, manipulent le bras.

Bien à vous tous, compagnons de Non de Non !

Bertrand