A l’occasion de la publication de son nouveau recueil de poèmes, Tenir tête à l’orage (Editions N&B), Thomas Vinau a accepté de répondre à quelques questions.
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Non de non : Quand on suit d’un peu près ton activité de poète on est impressionné par ta productivité : pas un mois, pas une semaine presque, sans que ton nom n’apparaisse au sommaire d’une revue ou au catalogue d’un éditeur. Comment fais-tu pour être ainsi omniprésent ?
Thomas Vinau : C’est beaucoup le hasard des calendriers d’éditeurs. Par exemple ce Tenir tête à l’orage a été achevé il y a presque trois ans, accepté il y a moins d’un an par N&B et sorti à la fin de l’été. Ce mois ci sort un ouvrage collectif autour de la figure de Brautigan chez Gros Textes dont ma participation date d’une petite année. Le hasard a voulu que les deux arrivent presque en même temps.
Un peu aussi, mon acharnement, bien entendu. Le besoin de ne pas rester seul, avec ma viande sous le bras.
Et puis la joie, enfin, de découvrir toutes sortes de petites structures d’éditions ou de revues dynamiques et dynamites. Il y a de la vie dans la petite édition !
N de N : Je suis toujours épaté de voir à quel point il y a peu de « déchet » dans tes poèmes, c’est-à-dire de poèmes moins inspirés, plus discutables. Jettes-tu beaucoup de vers dont tu n’es pas satisfait ou es-tu à ce point intime avec les muses que tout ce qui sort de ta plume est presque systématiquement bon ?
T. V. : J’écris régulièrement, presque quotidiennement. Le blog est bien utile pour ça. Je m’en sers comme d’un carnet ouvert. Trois catégories se dessinent à partir de là. Les poèmes que je laisse tomber, ceux que je reprends (la grosse majorité) et ceux que je ne touche plus. A partir du moment où le boulot est honnête, c’est-à-dire sincère, la difficulté est toujours de doser entre l’instinct et le savoir faire. La flamme et l’artisanat. Puis vient le moment de l’objet livre, du manuscrit. Là il faut que le tout tienne ensemble. Entier. Que ça ait un sens. Par contre pour ce qui est des poèmes discutables ou pas, c’est plus dans le temps que ça se jouera.
N de N : Ta poésie est très liée à la nature, très sensible, presque au sens photographique du terme. Comment écris-tu ? A des moments bien précis ? Dans des situations particulières de concentrations ?
T. V. : Peut être imagiste même... J’écris surtout le matin. J’ai besoin de cette lumière. De cette fraîcheur. De ce recommencement. La marche aussi est utile. Et puis l’observation. Mais j’habite dans le Vaucluse, alors la lumière...
N de N : Je connais ton goût pour l’Amérique, ses grands espaces, sa mythologie, ses poètes (Brautigan…) Je découvre, en ouverture de Tenir tête à l’orage, que tu aimes aussi de bons vieux français tel que Christian Bobin. Quelle place occupe ce dernier dans ton panthéon personnel ?
T. V. : L’autoportrait au radiateur fait partie de mon panthéon personnel. Chez moi il y a toujours eu du Bobin. J’ai lu ses textes avant de lire les poètes Américains. J’ai beaucoup de mal avec ses derniers ouvrages. Sa mystique me touche moins. Pour ne pas dire pas du tout. Mais ses premiers livres comptent énormément. Des auteurs comme Bobin, Thierry Metz, Pierre Autin-Grenier, François de Cornière, Guillevic ou Joël Bastard sont importants pour moi. Finalement, il y a pas mal de thèmes en communs avec une certaine littérature Américaine que je chéris (les Brautigan, Carver, Bukowski, Fante, Harrison, etc.) : un rapport à la nature, au quotidien, au minuscule, à la réalité, les pépites de rien, et puis le goût des grains de sable, de ce qui nous sauve, de ce qui ne tourne pas rond.
N de N : Pour le moment tu n’as publié [à ma connaissance] que des poèmes. T’es-tu déjà frotté au roman ou à la nouvelle ?
T. V. : J’ai longtemps écris des nouvelles qui ne marchaient pas. Des espèces de longs débuts de romans poétiques. La poésie m’a amené au texte court, qui m’a permis de retrouver un axe de retour possible vers la narration. J’aime la brièveté mais je n’ai pas renoncé à raconter des histoires.
N de N : Quels sont tes prochains projets ?
Des petits ouvrages joliment peaufinés par des petits éditeurs discrets et exigeants. Un livre pour enfant également, qui devrait paraître dans le premier semestre 2011. Et puis vers l’automne prochain, une nouvelle belle aventure devrait commencer, un retour à la narration justement, dans un circuit un peu plus « large ». Mais chut. Tant que le livre n’est pas entre mes mains je reste prudent.
C'est un bonheur d'entendre Thomas Vinau, comme de le lire. Je le lis quasiment chaque jour, dans "etc-iste", puis dans "Little Man", "L'Âne de Richard Brautigan", "Fuyard Debout", "Les chiens errants n'ont pas besoin de capuche", "Voyages immobiles", "Dormir dans les décombres", "hopper city", "Le Trou", "Collection de sombreros"...
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