mardi 16 novembre 2010

NOS PARCELLES DE TERRAINS TRES TRES VAGUES

À l’occasion de la parution de son recueil de poèmes Nos parcelles de terrains très très vagues (éditions Asphodèle) Marlène Tissot a accepté de répondre à quelques questions.

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NON DE NON : Ce n’est pas vous faire injure, j’imagine, que de dire que vous n’êtes pas très connue du grand public ! Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur vous, qui vous êtes et quelle place occupe la poésie dans votre vie.

MARLENE TISSOT : À l’heure actuelle, je suis demandeuse d’emploi. L’inconvénient c’est toutes ces simagrées auxquelles il me faudrait me plier pour convaincre un employeur de me choisir moi et pas une autre personne… L’avantage c’est que j’ai du temps libre pour faire des choses que j’aime !

La poésie (l’écriture d’une manière plus générale) occupe une place particulièrement envahissante dans ma vie. Elle pousse dans tous les interstices du quotidien. Mais en général je trouve le temps de faire le ménage, la cuisine, les entretiens d’embauche et toutes les choses que la plupart des gens font.

NDN : Quelles sont vos références en matière de poésie et de littérature ?

MT : À vrai dire j’ai une très mauvaise culture littéraire (j’ai fait des études techniques) bien que j’ai toujours adoré lire. Ado, je lisais tout ce qui me tombait sous la main, sans distinction de genre ou d’époque. J’ai beaucoup fréquenté les biblio. En partie parce que je n’étais pas douée pour tisser des relations avec mes semblables… Étrangement, j’ai longtemps détesté la poésie. Parce que j’en gardais une image scolaire et barbante. C’est Bukowski qui m’a réconciliée avec cet univers. D’une manière générale, j’ai tendance à être attirée par les écrits rugueux, un peu trash. Les choses qui remuent le lecteur, qui prennent aux tripes. Ceux qui sentent la vie. J’ai du mal avec tout ce qui est trop lisse…

NDN : On retrouve votre nom au sommaire de plusieurs revues ou sites qui publient aussi d’autres poètes que nous aimons bien ici : Thomas Vinau, Guillaume Siaudeau, Cathy Garcia... Avez-vous l’impression de faire partie d’un « mouvement », d’une école, d'une génération ?

MT : Pas facile de répondre à cette question… Je pense qu’il faudrait davantage de recul pour déterminer s’il existe un « mouvement » ou je ne sais quoi d’autre susceptible de créer une unité entre certains auteurs. Je connais et lis Cathy depuis des années. J’adore son énergie. Entre rage et sensualité. J’admire Thomas depuis un bout de temps également. Ses écrits me chamboulent. Il sait en trois lignes exprimer plus de choses que d’autres en cent ! Guillaume, lui, est extrêmement visuel, comme s’il dessinait des tableaux avec les mots. J’apprécie de nombreux auteurs ayant chacun leur propre univers. J’ignore s’ils font partie d’un tout plus vaste qui m’aurait échappé, soit parce que j’ai un peu de mal avec l’idée de coller des étiquettes, ranger dans des boites, soit parce que ma culture littéraire laisse décidément à désirer…

NDN : Votre écriture, bien que décrivant des réalités très dures, restait très douce, très humaine, sachant toujours garder ce qu’il faut de légèreté et de dérision pour ne pas sombrer dans le pathos. Comment décririez-vous, en ce qui vous concerne, votre style et les poèmes de ce recueil ?

MT : C’est compliqué de porter un jugement sur ses propres mots. Je suppose que j’écris un peu comme je suis. Avec des douleurs rentrées. Sans faire trop de bruit. Sans faire trop de vague. Avec dérision, oui, pour garder le recul suffisant. J’ai horreur des pleurnicheries, de la complaisance. Parfois j’aimerais avoir le mot plus cruel. Plus cru. Je suis quelqu’un qui a du mal à se lâcher…

NDN : Et pour finir, quels sont vos projets ? D’autres recueils en vue ? D’autres formes d’écritures : nouvelles, romans ?

MT : D’autres formes d’écritures, oui ! Des nouvelles plus ou moins longues. Certaines paressent en revues de temps à autre. Certaines à venir dans un projet initié par Hervé Merlot. Mais je ne sais pas où en sont les choses alors… Et puis des tas de projets qui voyagent surtout dans mes tiroirs ! Recueils, romans, épopées, qui ne demanderaient plus qu’à… mais comme je manque cruellement de confiance en moi, je repousse en permanence le moment de contacter un éditeur.

7 commentaires:

  1. Quitte à soulever un ouragan, je me demande : " Est-ce que "les choses qui sentent la vie" peuvent se dire, se transmettre vraiment en poèmes à notre époque....?
    En tout cas, j'aime les choses qui sentent la vie (qui ne les aime pas ?) mais je suis incapable de les sentir sous forme de poèmes.
    Il n'y a pas de poèmes dans la vie. Il n'y a que des poésies, encore que très furtives.

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  2. Je serai un peu plus nuancé que toi car c'est justement ce côté "furtif" qui me plait et qui me parle chez Marlène Tissot et chez les autres auteurs cités dans cet entretien...

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  3. J'ai parlé en général, Stéphane...Du mode d'expression. Mais c'est très, très subjectif....Je n'ai d'ailleurs pas lu ce livre et des auteurs cités ne connaîs que Thomas.
    J'ai aimé ce qu'il faisait sur " La tempête dans un encrier" qui n'en fut pas une...

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  4. ça sent la vie... je comprend bien ce qu'elle veut dire Marlène, et je remercie tout le monde au passage, c'est agréable d'être "citée", moi je crois que la frontière entre poème, prose, texte courts etc se fond de plus en plus, ce qui compte c'est ce besoin de poser en mots ce qui nous traverse, nous bouleverse, nous renverse, (plus de verse en poche) parce que dans l'expérience individuelle il y a tjs de l'universel qui va parler, toucher l'autre, au moins un, et de toutes façons on ne fait que passer... d'où le côté peut être "furtif", il y a quelque chose d'animal aussi dans le "furtif" que j'aime bien, voilà voilà...

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  5. Moi, je connais marlène depuis peu, mais c'est un coud'foud'...c'est une petite soeur en mots tellement je suis touchée...ce style doux et pénétrant...ces histoires de tous qu'elle dit comme personne...j'ai le terrain vague, vague, et je l'offrirai à d'autres...tout ici est si limpide et simple et profond...tout ce que j'aime et que je lui envie...aglajalouse 0 ;-)

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  6. http://courttoujours.hautetfort.com/media/00/01/853760675.jpg

    http://courttoujours.hautetfort.com/archive/2010/11/25/un-peu-de-pub-116.html#comments

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  7. L'anonyme c'est aglaé!
    0O :-)

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