samedi 31 juillet 2010

QUESTIONS A TITRES : STEPHANE PRAT

Neuf questions à titres

Réponses de Stéphane Prat

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1 - Quelle est ta réaction quand, au creux de la vague, on s’évertue à te persuader que la plage n’est plus très loin, hein ?

Je prends le large.

2 - Que le dictateur en appelle toujours au suffrage universel te semble-t-il une raison suffisante pour abandonner la démocratie à l’eau de rose de l’Idéal ?

Absolument.

3 – La haine de « l’ennemi » n’est-elle pas, parfois, plus délectable que l’amour du prochain ?

Les deux détruisent. Je n’éprouve pas d’amour exagéré pour mon prochain, en dehors de ma sphère personnelle, et je n’aime pas beaucoup la haine. Pourtant, une société comme la nôtre, où on ne se fait plus de véritables ennemis, ce qui supposerait que les conflits, les antagonismes comme la générosité jouent à plein, une telle société me semble aussi inquiétante que fade.

4 - Qui gagnera le combat pour l’individu ?

Cesser de combattre contre soi-même c’est déjà marquer un point. Ensuite je ne vois pas qui, à part moi-même, je pourrais enrôler dans mon combat. Et je crois qu’il n’y a rien d’autre à y gagner.

5 - Qu’as-tu appris à l’école du réel ?

Qu’il n’y a pas moyen de lui échapper. Si on n’accède pas à ce savoir à l’adolescence, on n’y accèdera jamais. On peut ensuite très vite en trouver confirmation en lisant quelques penseurs tragiques, quelque lignes de Clément Rosset, par exemple. Mais il vaut quand même le coup d’aller vérifier par soi-même, et il est le plus souvent profitable de se montrer un peu dur à la détente. La compréhension, l’apprentissage sont vertigineux, contradictoires et n’engagent pas que l’intellect.

6 - Rien que de la viande ou une fille perdue ?

Une poire pour la soif.

7 - Penses-tu que si la vie était poétique, on pourrait se passer de poésie ?

S’il s’agit de mettre de la poésie dans la vie, ce n’est quand même pas pour s’en passer !

8 – D’après toi, laisserons-nous quelques traces ou serons-nous comme des ombres sur la terre ?

Tout nous laisse à penser que nous ne serons pas plus avancés à la fin qu’au commencement. Nous sommes, déjà, comme des ombres sur la terre et nous ne voyons plus depuis longtemps les traces que nous y laissons. Alors, même si c’est faire preuve d’un optimisme démesuré que de concevoir une planète sans homme, quelles traces pourrions-nous y laisser si nous n’y sommes plus ?

9 - Quel titre donnerais-tu à ton existence ? (Le voyageur et son ombre, Une saison en enfer, Les mauvais coups et L’amour de la vie sont déjà pris…)

Une marionnette sans langue de bois.

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