Neuf questions à titres
Réponses de Julien Vedrenne
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1 - Quelle est ta réaction quand, au creux de la vague, on s’évertue à te persuader que la plage n’est plus très loin, hein ?
Eh bien, je sais qu’il y a des courants contraires très forts aux abords des côtes. Et puis, il est certains propos qui ne me font malheureusement plus réagir. En même temps, je verrais très bien sur la plage cette bonne vieille guillotine et ces non moins vieux hommes en noir qui attendent de relever les corps fatigués ruisselants d’eau salée pour mieux leur poser la tête sur le billot. Bref, on est mieux dans l’eau, non ?
2 - Que le dictateur en appelle toujours au suffrage universel te semble-t-il une raison suffisante pour abandonner la démocratie à l’eau de rose de l’Idéal ?
La démocratie n’existe pas ! Je rappelle que dans le meilleur des cas, on élit un homme ou une femme, et qu’après, il ou elle fait ce qu’il veut. Anti-sarkosyste primaire, je suis souvent abasourdi par ses opposants qui sont infichus de reprendre son programme et de dire : montrez-moi où c’est écrit ce que vous êtes en train de faire, là, que je vérifie que les Français vous l’ont bien demandé… Dans une société à plusieurs millions de personnes, où il y a un leader d’opinion pour dix brebis, la démocratie ne peut pas exister. Au mieux, si la démocratie punissait vraiment fortement ses ennemis, ceux qui la détruisent ou qui s’en servent, ça pourrait être drôle. J’imagine la cavité dans laquelle on mettrait pêle-mêle les têtes de De Villepin, Fabius, Sarkozy, Maurois… Ah il y aurait du vieux sang dans les rigoles et du sang neuf à l’Assemblée…
3 – La haine de « l’ennemi » n’est-elle pas, parfois, plus délectable que l’amour du prochain ?
La haine de l’ennemi est bien plus délectable que l’amour du prochain. On fait les choses par haine et non par amour. Je crois que le plus grand leitmotiv dans la convoitise (et par là-même l’amour de son prochain) c’est surtout que l’on obtient au détriment des autres. Je blesse dont je suis.
4 - Qui gagnera le combat pour l’individu ?
Raymond Domenech ? Plus sérieusement, le combat pour l’individu n’a plus lieu d’être. Il est malheureusement déjà gagné. Si l’on observe les gens, ils ne pensent plus qu’à eux. Rentrent vite regarder leur télé, jouer à la Playstation ou s’écoutent parler au téléphone qu’ils ont greffé à la main alors que leur oreilles ont crû de manière symptomatique, excroissance d’un lecteur mp3 bidon qui les empêche d’entendre la vie des autres. Le combat pour la société, est une belle utopie, mais certains matins je me plais à penser qu’il pourrait reprendre.
5 - Qu’as-tu appris à l’école du réel ?
Que l’on n’apprend rien, et qu’il est plus simple de s’enfermer dans le virtuel. Plus réconfortant aussi. J’ai appris que le réel d’aujourd’hui nous rend plus facilement malade qu’hier, et que l’infantilisation est sa marque de fabrique. Le réel diffère selon ce que l’on veut nous faire croire, ingurgiter, dégueuler. Mon réel est proche de certaines autres personnes qui m’entourent mais très loin de ce que j’observe chez beaucoup d’autres. Bon d’accord on est en plein poncif, mais ce n’est pas de ma faute.
6 - Rien que de la viande ou une fille perdue ?
Un peu des deux, je pense. Et c’est dommage. Enfin, dans un monde où la poésie est absente comme je ne l’ai pas démontré avec brio, c’est plus de la viande qu’une fille perdue.
7 - Penses-tu que si la vie était poétique, on pourrait se passer de poésie ?
J’ai un gros problème avec la poésie en tant que forme stylistique. Personnellement, que la vie soit poétique ou pas, j’arrive très bien à me passer de la poésie. Après, si elle n’est pas exclusive mais qu’elle se fond dans le reste, alors, force est de constater que la vie aurait une certaine forme de poésie et que oui on pourrait se passer de poésie encore plus facilement.
8 – D’après toi, laisserons-nous quelques traces ou serons-nous comme des ombres sur la terre ?
Déjà, il me semble que tout le monde fait caca. C’est scatologique, mais c’est aussi une trace. Plus l’on s’oriente vers le virtuel, mais on prend le risque de laisser des traces. Ce n’est peut-être pas plus mal au fond. Je n’aimerais pas que les quelques générations futures qui restent se rappellent notre époque. Je dis ça mais au fond, il y a plein de traces que j’aimerais que nous laissions. Je suis assez surpris de croiser chaque jour des personnes qui me font envie, qui se bougent le cul, qui me montrent que le Grand Dictateur comme tu l’appelles, malgré sa taille, son ego, sa crétinerie et j’en passe, qui avec toute sa clique tend à éliminer tout ça, va perdre la partie.
9 - Quel titre donnerais-tu à ton existence ? ( Le voyageur et son ombre, Une saison en enfer , Les mauvais coups et L’amour de la vie sont déjà pris…)
L’Éveillé du val
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