mercredi 22 septembre 2010

QUESTIONS A TITRES : SOLKO

NEUF QUESTIONS A TITRES

Réponses de Solko

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1 – Quelle est ta réaction quand, au creux de la vague, on s’évertue à te persuader que la plage n’est plus très loin, hein ?

En fait, je ne crois pas trop à l’existence de la plage. C’est ce qui, jusqu’à présent m’a évité de couler.

2 – Que le dictateur en appelle toujours au suffrage universel te semble-t-il une raison suffisante pour abandonner la démocratie à l’eau de rose de l’Idéal ?

Ne plus voter, c’est ne pas donner sa voix. Ne pas donner sa voix, c’est sauver sa parole. Sauver sa parole, c’est sauver sa raison d’être, et donc pouvoir continuer à nager.

3 – La haine de « l’ennemi » n’est-elle pas, parfois, plus délectable que l’amour du prochain ?

Puisqu’on parle « d’amour du prochain », à l’âge quinze seize, j’ai épinglé une parole du Christ sur le mur de ma chambre : « la haine n’a pas d’avenir ». Phrase très sensée : on ne hait que « dans l’instant ». On n’aime aussi que comme ça. C’est peut-être ça, le problème…

4 Qui gagnera le combat pour l’individu ?

Quel combat ? Celui pour sa survie ? Un combat intellectuel ? Spirituel ? Je me remémore souvent la phrase que Louis Guilloux avait choisi de placer en bandeau sur la couverture de son livre Le sang noir, lorsque celui-ci est sorti : « La vérité de cette vie, ce n’est pas qu’on meurt, c’est qu’on meurt volé ».

5 – Qu’as-tu appris à l’école du réel ?

A survivre, justement.

6 – Rien que de la viande ou une fille perdue ?

J’ai bien aimé la réponse que Stéphane Beau a faite à cette question. Sauf que les frites, je n’aime pas trop. Les pommes de terre, je les préfère en gratin dauphinois. Bien poivrées.

7 – Penses-tu que si la vie était poétique, on pourrait se passer de poésie ?

Alors ça, vois-tu, c’est ce genre de question à trois ronds qui fait que je déteste franchement ce genre de petit jeu qu’on joue là. J’en profite pour dire à Stéphane Prat qu’il est drôlement fortiche : je crois que c’est le premier qui arrive à m’y faire jouer.

8 D’après toi, laisserons-nous quelques traces ou serons-nous comme des ombres sur la terre ?

« Enfin, je l'ai achevé cet ouvrage que ne pourront détruire ni la colère de Jupiter, ni les flammes, ni le fer, ni la rouille des âges ! Qu'il arrive quand il voudra ce jour suprême qui n'a de pouvoir que sur mon corps, et qui doit finir de mes ans la durée incertaine : immortel dans la meilleure partie de moi-même, je serai porté au-dessus des astres, et mon nom durera éternellement. Je serai lu partout où les Romains porteront leurs lois et leur Empire ; et s'il est quelque chose de vrai dans les présages des poètes, ma renommée traversera les siècles ; et, par elle, je vivrai. »

C’est la fin des Métamorphoses. La première fois que j’ai lu ce texte, et à chaque fois que je le relis comme là, par exemple, il me fascine autant. Ovide ne répond pas à la question. Mais il répond à la raison pour laquelle on la pose.

9 – Quel titre donnerais-tu à ton existence ? (Le voyageur et son ombre, Une saison en enfer, Les mauvais coups et L’amour de la vie sont déjà pris…)

Tu sais bien que ce sont les éditeurs qui choisissent in fine les titres des romans. Les existences ont-elles un éditeur ? Je n’ai pas rencontré le mien…

1 commentaire:

  1. *La haine n'a pas d'avenir* : on pourrait le lire prosaïquement, dans cette idée qu'il n'y a pas d'issue dans la haine, pas de devenir pour l'espèce humaine... mais laissons là les tautologies.

    M'intéresse au plus haut point ce que vous dites :

    [On ne hait que "dans l'instant". On n'aime aussi que comme ça. (...)]

    Je vais laisser cette phrase m'accompagner...

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